titfervEMBRE 1591.                                213
même chambre, en laquelle voyant le president mort, s'écrie : «O mon Dieu, vous avez fait mourir ce grand « homme ! » Et étant tombé en pâmoison, le bourreau le pendit au même endroit.
Dans le même temps arrive Tardif, conseiller au châtelet, conduit par Hamilton, curé de Saint-Côme, avec nombre de prêtres et de gens de l'Université, qui avoient tiré ledit Tardif de son lit étant malade et ve­nant d'être saigné; l'ont fait entrer dans la méme chambre, et l'ont pendu au coté du president Brisson.
Le peuple, qui a vû conduire ces vénérables magis­trats au châtelet, s'est attroupé au-devant, pour les voir passer lorsqu'on les conduira à là Conciergerie pour leur faire leur procès : croyant, sur les bruits que les Seize avoient fait répandre dans laville, qu'ils étoient coupables de quelque insigne trahison. Sur le soir cette populace s'est retirée, ignorant encore ce qui s'étoit passé dans le châtelet.
Le lundi 18 de novembre, les Seize ayant remarqué que le peuple, malgré les bruits desavantageux que leurs émissaires avoient répandus par tout contre la memoire de ces trois innocens, étoit indigné contre les auteurs de ce tragique spectacle, au lieu de l'approuver, ont fait détacher ces trois corps pendant ia nuit : ce qui ayant été sçû, les parens les ont achetés chèrement du bourreau pour les faire ensevelir. Celui de Claude Tardif fut enterré dans l'eglise des Augustins.
Le même jour on reçut la nouvelle que, le 29 dudit mois dernier, Jean-Antoine Fachineto, boulognois, car­dinal de Saint-Martin-du-Mont, avoit été élû pape, et pris le nom d'Innocent ix; que ce Pape étoit une créa­ture de la maison de Farnese, qui lui avoit procuré
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